Vive émotion après le refus de sa remise en liberté pour des milliers de personnes. Je soutiens les actions engagées pour sa sortie de prison et dénonce une justice à deux vitesses : celle qui condamne durement Jacqueline Sauvage et celle qui est complaisante envers les hommes violents.
Remise en question de la parole des victimes, justification des violences, minimisation de l'impact des violences, la justice est sourde face aux témoignages des victimes.
Je fais partie de celles qui dans le huit clos patriarcal ont subi des violences verbales, psychologiques, matérielles, physiques, sexuelles dont le viol, administratives et économiques. http://stop-violences-femmes.gouv.fr/Suis-je-concernee,331.html
Un stress post traumatique en a découlé. http://www.memoiretraumatique.org/psychotraumatismes/generalites.html
J'ai obtenu une reconnaissance de la justice. Seuls 2 ans de violences avec ITT < à 8 jours ont été retenus. Cette reconnaissance est loin de la réalité des faits et je me bats aujourd'hui encore pour une reconnaissante juste.
La réponse de la justice est une médiation avec un sermon léger après m'avoir culpabilisée lors de l'audience, avec un stage de deux jours à 250€, les violences étant qualifiées de légère.
Je m'interroge sur le fait que les violences sur conjoint soit en théorie plus pénalisant que des violences émises par un étranger. Quel message fort envoyé aux hommes pour maltraiter femmes et enfants.
Il est révoltant de juger cette femme en lui reprochant l'absence d'actions pour fuir ce barbare. Il est révoltant de voir sortir de prison des meurtriers auteurs de violences conjugales et de laisser des victimes purger de lourdes peines d'autant que la société freine à s'engager réellement auprès de ces femmes et leurs enfants.
La société est scandalisée par des témoignages comme celui de Tatiana Lauren. Son enfant confié à un barbare qui a purgé deux ans de prison juste parce qu'il est géniteur. La société est émue face au témoignage d'Alexandra Lange.
La société pourtant délaisse ses victimes et préfère minimiser les violences.
L'entourage est démuni au mieux sinon il refuse de prendre partie et préfère abandonner la victime à son huit clos.
Les victimes sont confrontées à la procédure familiale d'autre part avec le fardeau véhiculé par la garde alternée qu'un homme violent reste un bon père. La justice occulte la violence et met en danger les enfants et condamne la victime à des violences post séparation jusqu'à la majorité des enfants.
Quant à vous les médias, vous êtes responsables, vous qui minimiser les violences dans les faits divers à coups de "drame conjugal" "drame de la rupture" en véhiculant une vision erronée des violences et souvent en culpabilisant les victimes et en justifiant les actes.
Chère société qui juge Jacqueline Sauvage comme une meurtrière qu'auriez vous eu le courage de faire si vous étiez une victime? La réponse, je la côtoie. De nombreuses femmes restent piégées par l'emprise, la peur et la méconnaissance des aides possibles; d'autres se cachent pour sauver leur vie. Nombreuses sont celles qui se séparent sans porter plainte. Et celles qui font comme moi, qui se défendent par le biais de la justice, sont déçues. Non seulement elles prennent le risque d'être confrontées à l'absence de logement, aux doutes lors du dépôt de plainte, à la lassitude des avocats, au déni des médecins qui confondent conflit et violence alors qu'ils affichent le 3919 en salle d'attente, aux psychologues qui méconnaissent les psycho traumatismes, au déni ou à l'incompréhension de l'entourage, à la complaisance de la justice et en plus elles doivent assurer leur sécurité en se relogeant, en continuant à travailler malgré leur état et en gérant le quotidien.
Alors à ceux qui clament qu'elle aurait dû partir, qu'elle aurait dû porter plainte, intéressez vous à ce qu'est un quotidien de violences conjugales.
http://emmelinebriet.blogspot.com/2016/04/des-mots-pour-oublier-les-maux.html
Interrogez vous sur les mécanismes.
http://www.ciao.ch/f/violences/infos/9554810079d711e2a2f8c30b11f318641864/11.0.%20plus2-le_cycle_de_la_violence_conjugale/
Et demandez vous si notre société fait vraiment tout pour les aider.
Aidez les victimes (1 femme sur 10 : vous en connaissez forcément).
Je suis victime. Je croyais en la justice. Je suis déçue. Je réalise que mon pays est inhumain. Je suis un être humain puni d'être née femme.
Ceux que je croyais être des amis refusent de reconnaître l'existence de violences qui à leurs yeux sont un simple conflit.
Je sursaute encore au moindre bruit. Mon coeur bat la chamade aux voix fortes masculines. Je me crispe à chaque coup de voix entendu.
Je vis dans un stress permanent. Les cauchemars écourtent mes nuits. Je m'inquiète pour mes enfants.
Je n'ose imaginer l'état des femmes comme Jacqueline Sauvage qui subissent la torture. Je n'ose imaginer leur quotidien. Je soutiens toutes celles qui méconnaissent les aides possibles. Sans l'aide des collègues je n'aurais su quelles démarches entreprendre. Le cycle de la violence jamais je n'en avais entendu parler. Cela m'aurait aidée.
J'étais mal. J'ignorais ce que j'avais. J'étais anesthésiée. Les violences sexuelles et physiques arrivent bien après les violences verbales, psychologiques et matérielles. Elles arrivent quand la peur et l'emprise sont là.
Je soutiens Jacqueline Sauvage. Que la société se mette en cause, que la justice soit juste, alors je me reposerai la question si une femme commet l'irréparable.
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