jeudi 24 novembre 2016

Violence ordinaire


Aux aguets.
L'œil scrutateur.
Le coeur battant.
Le voir.
Le coeur qui cogne.
Qui cogne jusque dans les oreilles.
Gérer la respiration.
Statique.
Se faire petite.
Il avance lentement.
Se demander ce qu'il va faire. 
Son geste rapide frôle mon visage.
Il se détourne.
Virevolte.
Avance le point.
Mes bras cachent mon visage.
Dents serrées.
Apeurée.
Il s'amuse de ma peur.
Ses yeux sont terrifiants.
Ses yeux affichent sa nature.
Et il s'éloigne.
Comme si rien n'était arrivé.
Le silence.
Le silence.
Le terrible silence.
Des minutes entières à attendre.
A s'interroger sur ce qu'il va faire.
Sentir le coeur battre dans les tempes.
Se demander s'il va revenir à charge.
Attendre que la survie reprenne son cours.
Feindre l'existence de la scène pour éviter que la bête ne se réveille.
S'enfermer dans la peur et la solitude.

Écrit pour témoigner lors du 25 novembre 2016.

Ma journée

25 novembre 
L'histoire se répète.
C'est ma journée.
La journée où la société s'intéresse à moi sans me connaître.
Les mois passent et je reste bloquée dans les griffes de mon bourreau qui s'infiltre dans chaque faille restante pour continuer à m'épuiser, me nuire.
Il maintient l'alliance afin de jouir de nos biens. C'est tellement évident. La justice est complaisante.
S'insurger contre le Pénal qui minimise et justifie les actes du monstre pour s'épuiser ensuite au familial à chercher les preuves pour contrer ses mensonges incessants. Une preuve apportée, un nouveau mensonge, une nouvelle preuve apportée, un nouveau mensonge.
La spirale.
La spirale infernale.
Tellement épuisant.
Tellement injuste.
Envie de baisser les bras.
La précarité pour la liberté.
La société semble choquer face aux violences conjugales.
Que fait chaque individu face à ce qu'elle dénonce ?
Tant de victimes sont seules.
Tant détournent le regard.
Tant fuient pour ne pas savoir.
Tant tournent le dos au risque de la contagion.
Tant préfèrent imaginer des menteuses.
D'autres veulent nous faire tourner la page dès la fuite effective.
A quoi bon s'insurger si face à une victime on s'enfuit en courant ?
A quoi bon les actions du gouvernement quand les intervenants ignorent ce que sont les violences conjugales, quand le pénal est séparé du familial, quand les enfants co victimes sont ignorés, quand les agresseurs bénéficient d'impunité ?
A quoi bon.
Les survivantes se relèvent.
Elles ont une force incroyable.
Elles vont soulever des vagues.
Et vous ?
Quand une femme sur dix est victime de violences conjugales qu'est ce qui vous maintient passif ?

Message de la justice aux victimes de violences conjugales

La veille du 25 novembre, la veille de la journée contre les violences faites aux femmes, la justice envoie un message fort aux victimes de violences conjugales. Il faut dire que le sujet des violences conjugales est abordé par des films, des émissions, des initiatives...le tabou tombe.
Les formations pleuvent.
Ah non...
Erreur.
La justice décide de maintenir Jacqueline Sauvage en prison.
La justice montre aux femmes comme elle peut condamner.
La justice impose son patriarcat.
Quand 90% des plaintes pour viol conjugal sont classées, quand la médiation est imposée, ce qui est contraire à la convention d'Istanbul, comment la justice peut reprocher à cette femme son manque d'action? Que sait elle au final du stress permanent, de la peur, de l'emprise, de cette tour infernale qui fait accepter l'inacceptable ?
Dès le refus de la violence, comment voir autrement un monstre qui a œuvré pendant des années ?
Comment regretter qu'il soit en vie ?
En vie, nous, les victimes, nous savons de quoi ils sont capables. Nous savons que la mort nous attend. Les menaces. Le risque permanent. Nous savons que la violence persistera.
Nous savons aussi que la justice fait preuve de légèreté à leur égard.
Nous savons qu'en vie nous devons nous cacher, vivre dans la peur. Nous savons qu'une femme meurt tous les trois jours en France. La plupart étaient séparées. Certaines ont vu la vie arrachée à leurs enfants.

Quelle honte que de l'accabler quand il y a tant de failles quand les victimes s'échappent. Quand elles déposent plainte.

Quelle honte pour la France.
Quelle honte...

mercredi 23 novembre 2016

Nantes : disparition inquiétante

A quelques jours du 25 novembre, il est légitime de s'inquiéter de la disparition de cet enfant dans le cadre d'une séparation. Pensées pour la maman !

http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-disparition-inexpliquee-d-un-pere-et-de-son-fils-de-2-ans-4630926

samedi 17 septembre 2016

Cancer, à la mémoire de Christian B.

Il est là.
Ignoré.
Les rires.
Les joies.
La passion. 
L'amour. 
La musique.
La vie.
Il s'en moque.
Un jour, il éclôt. 
Il s'étire à l'abri des regards.
Il s'infiltre petit à petit.
Il chaparde l'énergie.
Il s'en nourrie.
Il grandit.
Il étouffe les signes de sa présence.
Et puis un jour, lassé de sa discrétion, Il se manifeste.
Il frappe.
Son ampleur se révèle.
Il cachait si bien sa présence.
La douleur. 
L'inquiétude. 
Les pleurs. 
La fatigue. 
Son terrible nom tombe.
Il s'installe dans notre quotidien.
La défense s'organise.
Il profite de son avantage.
Il festoie.
Il se vautre sans y être invité.
Il grignote l'espace. 
Insatiable.
Il s'infiltre dans la joie.
Efface les sourires.
Cerne les yeux.
Creuse les joues.
Écourte les nuits.
Il installe la douleur.
Il prive de repas.
Il sabre l'humeur.
Ses blagues. 
Son rire. 
Son affection. 
Sa richesse intellectuelle.
Il veut les mordre à pleines dents.
C'est se méprendre sur sa force.
Impossible de s'en emparer.
Ils sont sauvés avec courage.
Ma dernière visite est comblée d'un sourire, d'une blague, d'un rire, d'une affection débordante.
Cette partie est gagnée.
Aujourd'hui, c'est à chacun de la propager, de la maintenir en vie.

dimanche 14 août 2016

Soutien à Jacqueline Sauvage

Jacqueline Sauvage, condamnée pour avoir tirer sur son mari incestueux violent, est devenue le symbole de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants.

Vive émotion après le refus de sa remise en liberté pour des milliers de personnes. Je soutiens les actions engagées pour sa sortie de prison et dénonce une justice à deux vitesses : celle qui condamne durement Jacqueline Sauvage et celle qui est complaisante envers les hommes violents. 
Remise en question de la parole des victimes, justification des violences, minimisation de l'impact des violences, la justice est sourde face aux témoignages des victimes.
Je fais partie de celles qui dans le huit clos patriarcal ont subi des violences verbales, psychologiques, matérielles, physiques, sexuelles dont le viol, administratives et économiques. http://stop-violences-femmes.gouv.fr/Suis-je-concernee,331.html
Un stress post traumatique en a découlé. http://www.memoiretraumatique.org/psychotraumatismes/generalites.html
J'ai obtenu une reconnaissance de la justice. Seuls 2 ans de violences avec ITT < à 8 jours ont été retenus. Cette reconnaissance est loin de la réalité des faits et je me bats aujourd'hui encore pour une reconnaissante juste. 
La réponse de la justice est une médiation avec un sermon léger après m'avoir culpabilisée lors de l'audience, avec un stage de deux jours à 250€, les violences étant qualifiées de légère.
Je m'interroge sur le fait que les violences sur conjoint soit en théorie  plus pénalisant que des violences émises par un étranger. Quel message fort envoyé aux hommes pour maltraiter femmes et enfants.
Il est révoltant de juger cette femme en lui reprochant l'absence d'actions pour fuir ce barbare. Il est révoltant de voir sortir de prison des meurtriers auteurs de violences conjugales et de laisser des victimes purger de lourdes peines d'autant que la société freine à s'engager réellement auprès de ces femmes et leurs enfants.
La société est scandalisée par des témoignages comme celui de Tatiana Lauren. Son enfant confié à un barbare qui a purgé deux ans de prison juste parce qu'il est géniteur. La société est émue face au témoignage d'Alexandra Lange.
La société pourtant délaisse ses victimes et préfère minimiser les violences.
L'entourage est démuni au mieux sinon il refuse de prendre partie et préfère abandonner la victime à son huit clos.
Les victimes sont confrontées à la procédure familiale d'autre part avec le fardeau véhiculé par la garde alternée qu'un homme violent reste un bon père. La justice occulte la violence et met en danger les enfants  et condamne la victime à des violences post séparation jusqu'à la majorité des enfants.
Quant à vous les médias, vous êtes responsables, vous qui minimiser les violences dans les faits divers à coups de "drame conjugal" "drame de la rupture" en véhiculant une vision erronée des violences et souvent en culpabilisant les victimes et en justifiant les actes.

Chère société qui juge Jacqueline Sauvage comme une meurtrière qu'auriez vous eu le courage de faire si vous étiez une victime? La réponse, je la côtoie. De nombreuses femmes restent piégées par l'emprise, la peur et la méconnaissance des aides possibles; d'autres se cachent pour sauver leur vie. Nombreuses sont celles qui se séparent sans porter plainte. Et celles qui font comme moi, qui se défendent par le biais de la justice, sont déçues. Non seulement elles prennent le risque d'être confrontées à l'absence de logement, aux doutes lors du dépôt de plainte, à la lassitude des avocats, au déni des médecins qui confondent conflit et violence alors qu'ils affichent le 3919 en salle d'attente, aux psychologues qui méconnaissent les psycho traumatismes, au déni ou à l'incompréhension de l'entourage, à la complaisance de la justice et en plus elles doivent assurer leur sécurité en se relogeant, en continuant à travailler malgré leur état et en gérant le quotidien.
Alors à ceux qui clament qu'elle aurait dû partir, qu'elle aurait dû porter plainte, intéressez vous à ce qu'est un quotidien de violences conjugales. 
http://emmelinebriet.blogspot.com/2016/04/des-mots-pour-oublier-les-maux.html
Interrogez vous sur les mécanismes.
http://www.ciao.ch/f/violences/infos/9554810079d711e2a2f8c30b11f318641864/11.0.%20plus2-le_cycle_de_la_violence_conjugale/
Et demandez vous si notre société fait vraiment tout pour les aider.
Aidez les victimes (1 femme sur 10 : vous en connaissez forcément).

Je suis victime. Je croyais en la justice. Je suis déçue. Je réalise que mon pays est inhumain. Je suis un être humain puni d'être née femme.
Ceux que je croyais être des amis refusent de reconnaître l'existence de violences qui à leurs yeux sont un simple conflit.
Je sursaute encore au moindre bruit. Mon coeur bat la chamade aux voix fortes masculines. Je me crispe à chaque coup de voix entendu.
Je vis dans un stress permanent. Les cauchemars écourtent mes nuits. Je m'inquiète pour mes enfants. 
Je n'ose imaginer l'état des femmes comme Jacqueline Sauvage qui subissent la torture. Je n'ose imaginer leur quotidien. Je soutiens toutes celles qui méconnaissent les aides possibles. Sans l'aide des collègues je n'aurais su quelles démarches entreprendre. Le cycle de la violence jamais je n'en avais entendu parler. Cela m'aurait aidée. 
J'étais mal. J'ignorais ce que j'avais. J'étais anesthésiée. Les violences sexuelles et physiques arrivent bien après les violences verbales, psychologiques et matérielles. Elles arrivent quand la peur et l'emprise sont là.

Je soutiens Jacqueline Sauvage. Que la société se mette en cause, que la justice soit juste, alors je me reposerai la question si une femme commet l'irréparable.

dimanche 5 juin 2016

L'appel du 18 juin 2016, dire STOP aux violences post séparation

http://www.wherevent.com/detail/SOS-les-MAMANS-StopViolencespostseparation-lappel-du-18juin2016
Paris
à
Organisé par : SOS les MAMANS
    
#Féminicides #Infanticides post séparation 2016 :
46 femmes tuées en 5 mois au motif d'une séparation conjugale, dont au moins 33 mères.
64 orphelins, 4 enfants tués avec leur mère et 1 bébé in utero...8 enfants "suicidés" avec leur père.

• Vous voulez dire non aux meurtres des femmes et des enfants, dans le cadre des séparations conjugales ?
• Vous voulez dire STOP aux violences intrafamiliales que l’on transforme en « conflit » ?
• Vous voulez des lois qui protègent VRAIMENT la victime de violence intrafamiliale, dès la première alerte? (adulte et enfants)
• Vous voulez des juridictions spécialisées, qui fusionnent le Pénal et le familial , avec des intervenants spécialisés qui connaissent les mécanisme de violence et de domination sur les personnes, les fonctionnements pervers, du magistrat à l’assistante sociale en passant par l’expert , ou le médecin?
#Pétition: Je VEUX ma juridiction spécialisée ! http://ssmmjuridictionfamilles.wesign.it/fr
• Vous voulez des cellules d’écoute et de prise en charge des enfants en cas de violences sexuelles sur eux, ouvertes 24 heures sur 24 sans réquisition d’un magistrat ? (UMJ)
• Vous voulez l’arrêt de l’autorité conjointe avec un parent reconnu violent ?
• Vous voulez en finir avec des médiateurs qui vous font la leçon de la coparentalité et qui vous juge anti père ?
• Vous voulez donner votre avis via un questionnaire de satisfaction sur l’association qui fait la médiation ?
• Vous ne voulez pas plus être soumises à l’alternative de fermer votre bouche ou de voir placer vos enfants ?
• Vous ne voulez plus être classifiée : malade mentale, possessive, castratrice, fusionnelle, atteinte du Syndrome de Médée, du Syndrome d’aliénation parentale, du Syndrome de Münchhausen, juste parce que vous avez allégué des violences sur vos enfants ?
• Vous ne voulez plus vous démener pour obtenir une contribution CEE, (contribution à l'entretien et l'éducation des enfants ou pension alimentaire) et être considérée comme une « assistée » ou « vénale » par la société ?
VENEZ

jeudi 26 mai 2016

Article Hebdo Sèvre et Maine

Vignoble nantais. Violences conjugales : "On vit dans une angoisse permanente"
Avec Derrière la porte, une femme du Vignoble nantais témoigne des violences qu'elle a subies durant 20 ans. Principalement psychologiques
http://www.lhebdodesevreetmaine.fr/2016/05/26/violences-conjugales/

mercredi 20 avril 2016

Des mots pour oublier les maux

Un article juste pour présenter "Derrière La Porte" 
"Après la tourmente, dans les dédales des suites que connaissent les séparations conflictuelles, Emmeline Briet est une survivante talentueuse. Dans son livre Derrière la porte (*), elle raconte dans des vers en prose les violences conjugales qu’elle a subies. Avec une pudeur, une justesse et une puissance incroyables."
http://lespointilles.blogspot.fr/2016/04/ecrire-pour-survivre-aux-violences.html?m=1

lundi 28 mars 2016

Insomnie

Insomnie 
Quand tu t'introduis
Au fond de mon lit
En remuant ma vie
Envie de partir
Loin des souvenirs 
Dans un long soupir
Insomnie 
Envie de dormir 
Laisse moi partir 
Afin d'atterrir 
Dans un rêve ami
Un réel abri 
Pour être épanouie 
Insomnie
Insomnie 
Terribles souvenirs 
Envahissent les nuits